Séjour au Togo d’une mission de suivi réactif conjointe CPM/ICOMOS/ICCROM sur le site du Patrimoine mondial Koutammakou, le pays des Batammariba

Séjour au Togo d’une mission de suivi réactif conjointe CPM/ICOMOS/ICCROM sur le site du Patrimoine mondial Koutammakou, le pays des Batammariba

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Il y a de cela vingt ans, à l’issue de la vingt-huitième session du Comité du patrimoine mondial tenue à Suzhou en Chine du 28 juin au 7 juillet 2004, Koutammakou, le pays des Batammariba (Togo) a été inscrit sur la prestigieuse Liste du patrimoine mondial. Le vingtième anniversaire en cette année 2024 coïncide avec l’arrivée sur le site de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial (CPM), Conseil international des monuments et sites (ICOMOS) et Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) ; la toute première mission du genre en dehors de celle en 2002 qui a précédé l’inscription dudit site.

Lorsqu’un site est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial (et devient alors un « bien du patrimoine mondial »), l’Etat partie se doit de lui assurer une protection et une conservation aussi efficaces et une mise en valeur aussi active que possible.

Pour ce faire, les Etats parties sont encouragés à instituer des services de protection, de conservation et de mise en valeur du patrimoine, à prendre les mesures juridiques, scientifiques, techniques, administratives et financières adéquates pour protéger le patrimoine, à ne prendre délibérément aucune mesure susceptible d’endommager directement ou indirectement leur patrimoine ou celui d’un autre Etat partie à la Convention de 1972 et enfin à fournir des informations au Comité du patrimoine mondial sur la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial et sur l’état de conservation des biens.

Afin de s’assurer que toutes les mesures sont prises afin d’empêcher le retrait de tout bien de la Liste du patrimoine mondial, le Comité du patrimoine mondial a adopté un processus spécifique : le suivi réactif. 

De ce point de vue, à la suite de l’effondrement des sikien survenu en 2018 au Koutammakou après les pluies diluviennes, l’UNESCO a dépêché du 19 au 24 octobre 2018 une mission urgente afin d’évaluer l’étendue des dégâts occasionnés et proposer un plan d’intervention.

Lors de sa 43e session (Baku, 2019), le Comité du patrimoine mondial, dans sa décision 43 COM 7B.112, a demandé à l’État partie du Togo d’inviter une mission conjointe CPM//ICOMOS/ICCROM de suivi réactif afin d’évaluer l’état de conservation du bien du Koutammakou, le pays des Batammariba. L’impact et les contraintes causés par la pandémie COVID-19 ayant empêché cette mission de se faire, le Comité a réitéré sa demande pour cette mission dans ses décisions consécutives 44 COM 7B.122 et 45 COM 7B.133 lors de sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021) et sa 45e session élargie (Riyad, 2023).

Ladite mission s’est finalement déroulée du 26 au 30 mai 2024et était conduite par le chef de l’unité Afrique au CPM, David STEHL, anthropologue et composée des experts de l’ICCROM Baba KEITA, de l’ICOMOS Abdoulaye CISSÉ, architecte et de l’expert Junior de l’UNESCO, Aly SINE, Urbaniste.

Sur le terrain, cette équipe est accompagnée par les professionnels du ministère de la culture et du tourisme notamment le directeur du patrimoine culturel (DPC), Adama AYIKOUE ; le secrétaire général de la Commission nationale du patrimoine culturel (CNPC), N’Poh Labounamah NATTA et le Conservateur du site Koutammakou, Batanata BATCHATCHILE.

Durant deux jours, l’équipe a sillonné les quatre cantons (Nadoba, Warengo, Koutougou et Akpontè) couvrant l’entièreté du site vivant et ses composantes majeures pour constater son état de conservation et rencontrer au troisième jour à Nadoba, les différentes parties prenantes. Il ressort de cette évaluation que les défis à relever tournent autour des conséquences des effets du changement climatique, la pression urbaine, la construction avec de nouveaux matériaux sur la base de nouvelles architectures, l’exode rural entre autres.

De la conservation et la gestion du site à sa sauvegarde et à sa transmission, une mobilisation est de mise pour le maintien de sa valeur universelle exceptionnelle. Les communautés locales et la communauté internationale se donnent ainsi la main dans une démarche et une volonté concertée dans la dynamique de la nouvelle donne de l’inscription de la partie béninoise du site par extension depuis le mois de septembre 2023.

Les préoccupations des populations à la base relatives à la conservation, la transmission et la mise en valeur des connaissances et savoir-faire ont été recueillies. L’on constate partout une conscience collective de l’importance des valeurs culturelles et surtout un grand attachement à celles-ci, en dépit de nombreux attraits du modernisme et des facilités évidentes qu’il offre.

Il faut rappeler que Koutammakou, le pays des Batammariba est le premier paysage culturel en Afrique à être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. Il a été inscrit sur la base de deux des dix critères édictés par l’UNESCO. Ces deux critères sont :

  • critère (v) : le site Koutammakou est un exemple exceptionnel de système de peuplement traditionnel qui est toujours vivant et dynamique, soumis à des systèmes et pratiques traditionnels et durables, et qui reflète la culture singulière des Batammariba, notamment les maisons à tourelles Takienta ;
  • critère (vi) : le Koutammakou est un témoignage éloquent de la force de l’association spirituelle entre les peuples et le paysage, tel qu’il se manifeste dans l’harmonie entre les Batammariba et les ressources naturelles environnantes.

L’équipe de la mission préparera un rapport sur les conclusions et les recommandations selon le format de rapport de mission de suivi réactif du Centre du patrimoine mondial/organisations consultatives dans les six (6) semaines suivant la fin de la mission.