Le 24 mars 2015, 15 ans après le démarrage au Togo du programme des CLAC, centres de lecture et d’animation culturelle, la Ministre de la culture d’alors, Mme Kouméalo Anaté, a sollicité l’accompagnement de l’OIF pour la création d’un centre national de lecture et d’animation culturelle ; la requête resta sans réponse.
Le 24 mai 2019, une nouvelle requête fut envoyée à l’OIF par le Ministre Kossivi Egbétonyo et obtint cette fois-ci une réponse favorable du partenaire institutionnel, les raisons du premier silence ayant été entre temps connues.
Au lendemain de sa nomination le 1er octobre 2020 comme ministre de la culture et du tourisme, Monsieur Kossi Gbényo Lamadokou a repris en main le dossier et y travailla 7 mois durant. La création effective par le Gouvernement du nouveau centre national est donc l’aboutissement de plus de 5 ans d’attente et de travail intense pour en créer les conditions et permettre à notre pays d’aller à un 2è réseau des CLAC.
Ainsi, plus de 20 ans après l’installation du 1er réseau de 11 CLAC au Togo, le Chef de l’Etat, par décret n°2021-042/PR du 15 avril 2021 rendu public le 29 avril 2021, crée le CENALAC, le centre national de lecture et d’animation culturelle. C’est une réforme importante et une avancée majeure dans la mise en œuvre de la politique de lecture publique et d’animation culturelle dans notre pays.
Il faut rappeler que l’Etat avait institué et rendu fonctionnelles, en 1978, les BLP, les bibliothèques de lecture publique pour desservir les populations sur toute l’étendue du territoire national. En 1997, en vertu d’un accord de partenariat passé avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), notre pays a bénéficié, à partir de l’an 2000, de l’implantation d’un autre réseau de mise à disposition du livre, à travers les centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC). Depuis lors, les deux (02) réseaux coexistent. De 1987 à 2008, les bibliothèques de lecture publique bénéficiaient de l’accompagnement de la coopération française tandis que les CLAC étaient et continuent d’être soutenus par l’OIF. Suite au désengagement de la coopération française en 2008, les bibliothèques de lecture publique ont commencé à avoir des difficultés à fonctionner. Ces difficultés les empêchent de faire face aux besoins d’entretien et d’équipement des locaux, au renouvellement des dotations en fonds documentaires, de recyclage régulier du personnel et du suivi technique du réseau.
La création du CENALAC opère donc un sauvetage de toutes les bibliothèques pour les mettre au même niveau de développement avec la fin de la gestion duelle de la lecture publique. Elles renouvelleront désormais leurs collections physiques tout en intégrant le numérique à travers les tablettes et l’accès à internet. Sans oublier de mettre en place des programmes d’animation culturelle des plus alléchants pour les usagers.
Dans le communiqué rendu public par le Conseil des ministres à l’issue de sa réunion du 13 janvier dernier, le gouvernement a mis en exergue le fait que « le centre national de lecture et d’animation culturelle en abrégé CENALAC, répond à l’impératif de rassembler désormais, toutes les structures publiques intervenant dans la lecture publique qui sont aujourd’hui au nombre de 66 dont 34 bibliothèques institutionnelles et 32 bibliothèques dites « associées » issues des initiatives privées, associatives et confessionnelles. Ce regroupement permettra de mutualiser les organes de gestion, de renforcer l’implication des collectivités territoriales et la mobilisation de ressources pour le fonctionnement. Il vient ainsi capitaliser les efforts du Gouvernement dans ce domaine, notamment par la mise en place d’espaces dédiés aux CLAC dans les maisons des jeunes. »
On comprend dès lors que le CENALAC institue une tutelle unique sur la lecture publique afin de la renforcer et permettre aux collectivités locales de disposer d’infrastructures culturelles de proximité, à la fois pour la lecture et les activités culturelles. Le CENALAC se révèle désormais la structure administrative qui permet au gouvernement et aux collectivités locales de prioriser les interventions de l’Etat, de l’OIF et d’autres partenaires dans les CLAC, devenus de véritables outils au service de la promotion de la culture, de l’éducation et des loisirs des jeunes et des populations et donc du développement durable.
Le Togo dispose de 12 CLAC à Pya, Pagouda, Sokodé, Tchamba, Sotouboua, Notsè, Atakpamé, Badou, Agou, Kévé, Aného et Badougbé. Avec le décret de création du CENALAC, il va passer à 22 à la fin de cette année, avec l’ouverture prochaine des CLAC de Mango, Défalé, Anié, Tohoun, Djon, Danyi-Apéyémé, Kpalimé, Amou-Oblo, Anfoin, Amadahomé ou encore de Dapaong et de Kpété-Béna, Il ambitionne de les porter à 30 en 2022.
Mis en place par l’OIF à travers un programme, actuellement au nombre de 317 dans 22 pays du monde dont le Togo, les CLAC sont :
– un programme national de lecture publique,
– un modèle pour favoriser le développement de la lecture publique,
– un cadre de renforcement des politiques nationales de lecture publique,
– un lieu de formation des jeunes et des populations,
– un lieu d’information, d’échanges et de loisirs : livres et équipements audiovisuels de pointe, accès aux programmes télévisés câblés, à Internet et aux livres numériques,
– un programme d’appui au développement communautaire,
– une offre diversifiée de services.
Kodjo Cyriaque NOUSSOUGLO,
Responsable national des CLAC